YES est de retour au Grand Rex !

Mardi 13 mai 2014, le groupe YES s'est produit au Grand Rex. Une seule soirée à Paris lors d'une tournée européenne, mon deuxième concert parisien de YES, le premier s'étant déroulé au Palais des Sports il y a... 40 ans.

"Close to the edge" fut entamé comme un cantique produisant brutalement une énergie électrique incroyable dans la salle. Tétanisés, accrochés aux bras du fauteuil, nous avions conscience de vivre un moment fort, un moment à la fois musical et émotionnel. J'attendais d'être à nouveau envahie par par cette musique étrange, telle que je l'avais ressentie il y a 40 ans. Un espoir fragile, un vieux rêve d'autrefois, irréaliste sans doute... Croire qu'on peut faire revivre le passé est une utopie, sans rémission dit-on. Ferais-je déjà partie des générations qui soupirent sur un ancien et hypothétique âge d'or ? Ah mon concert de YES !...

La première minute m'a suffit pour me prouver le contraire. La musique de Yes n'avait rien perdu de sa magie. Elle nous transportait dans un ailleurs improbable, inaccessible, inespéré. De l'émotion, du rêve, de la poésie, de la force et de la puissance tout à la fois. La musique de Yes ouvrait tous les champs des possibles, me remettait sur les rails de ma propre sensibilité, me redonnait cette part de moi-même qui - au lieu de faire ses exercices de maths - vibrait des heures durant aux grésillements de mon 33 tours "Close to the Edge", allongée par terre dans ma chambre d'adolescente.

Rien n'avait changé ! J'écoutais Steve Howe comme je lisais "La recherche du temps perdu" de Proust, je l'écoutais le coeur chaviré, submergée d'émotions. L'espace s'ouvrait sur une infinité d'espoirs et de rêves fous. La modernité et l'avenir, mais aussi la douceur face à la violence. Ce soir-là j'ai compris pourquoi, ados, les musiciens de Yes nous projetaient vers un ailleurs qui nous semblait sublime. Peut-être n'ai-je que très peu grandi ? Dans tous les cas, il faut avouer que sortir d'un concert pareil, en ressentant les mêmes ardeurs et langueurs qu'il y a 40 ans, et en ayant de nouveaux rêves vers lesquels galoper, cela ne ressort pas de la banalité !